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Société

La science confirme : la télévision perturbe les capacités d'attention des enfants

Les chercheurs en neurosciences cognitives ont mis en évidence l’existence d’un double système de mobilisation de l’attention chez l’homme. D’une part, un système automatique et exogène : c’est le monde extérieur qui vient stimuler mécaniquement l’attention du sujet en dehors de tout effort conscient. D’autre part un système volontaire et endogène : c’est le sujet qui, volontairement, dirige et maintient son attention sur un élément pertinent de l’environnement.

L’exposition répétée à des sollicitations audiovisuelles rapides aboutit à l’hypertrophie du premier système d’attention (exogène et passif) au détriment du second (actif et exogène). Or, c’est sur ces formats audiovisuels rapides (séquences courtes, rythme trépidant, éléments sonores et visuels saillants, etc.) que sont basés les émissions et séries télévisées pour la jeunesse tout comme les jeux vidéo.

« Deux processus complémentaires sont alors mis en jeu. Premièrement, en étant soumis à une rafale ininterrompue de séquences narratives brèves, le cerveau apprend à modifier continuellement ses focalisations auditives et engagements intellectuels. Deuxièmement, en se trouvant confronté à une cascade ininterrompue de stimuli audiovisuels accrocheurs, l’esprit prend l’habitude de compter sur les sollicitations perceptives externes pour relancer sa vigilance et maintenir son intérêt : il devient incapable de maintenir son intention par lui-même. » En d’autres termes, d’une part l’attention a tendance à faire du zapping, et d’autre part, elle devient de plus en plus passive.

Autre effet de la télévision et des jeux vidéo : la perturbation du sommeil nocturne, tant sur la plan de la qualité (cauchemars, réveils répétés, etc.) que de la quantité. Alors même que les statistiques démontrent un déficit chronique de sommeil, les nuits ayant raccourci d’environ deux heures en 50 ans. « Le seul fait de limiter à trente minutes la consommation audiovisuelle quotidienne de télévision chez des étudiants d’une vingtaine d’années entraîne une augmentation de plus d’une heure du temps de sommeil nocturne », rappelle Michel Desmurget, directeur de recherches à l’Inserm au centre de neurosciences cognitives de Lyon.

Effet pervers et cercle vicieux : l’hyper-stimulation par des séquences audiovisuelles affaiblit les capacités d’attention et perturbe le sommeil, ces perturbations entraînant elles-mêmes un déficit du fonctionnement cognitif diurne.

Les conséquences sont dramatiques pour les enfants surexposés. Michel Desmurget cite un nombre impressionnant d’études qui vont toutes dans le même sens : la surexposition au petit écran et la surconsommation d’audiovisuel rapide multiplient les probabilités de voir apparaître un trouble de l’attention au cours des années suivantes. Les fonctions d’apprentissage et de mémorisation dépendant directement de la capacité d’attention, les probabilités d’échec scolaire sont également multipliées.

Ce phénomène touche aussi les enfants qui ne regardent pas spécifiquement la télévision mais évoluent dans un environnement où le petit écran reste allumé. « Du fait de cette perturbation, il apparaît que les enfants soumis à une présence audiovisuelle d’arrière-plan changent de jouets plus souvent que les autres, imaginent des jeux moins complexes, jouent moins longtemps et surtout sont moins concentrés quand ils jouent. »

(Cerveau & Psycho, septembre 2011)


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